- RUBÉOLE
- RUBÉOLEMaladie virale contagieuse et épidémique, la rubéole est avant tout remarquable par le contraste qui existe entre sa bénignité générale et le danger qu’elle représente lorsqu’elle frappe une femme enceinte en début de grossesse: l’enfant risque de mourir ou de naître malformé. Heureusement, de grands progrès, qui font envisager la disparition des risques entraînés, ont été réalisés dans la connaissance de la maladie, de son agent et de sa prévention.La maladie cliniqueAprès une incubation de quatorze à dix-huit jours et une période d’invasion discrète, la période d’état se caractérise par quelques signes généraux (fièvre modérée, malaise léger) et une éruption, ressemblant à celle de la rougeole, de maculo-papules, c’est-à-dire de taches rouges en relief, de forme irrégulière, qui apparaissent d’abord à la face, envahissent progressivement le reste du corps, puis s’effacent sans desquamation apparente après un à trois jours. Un point important est que cette éruption s’accompagne d’adénopathies: des ganglions hypertrophiques et légèrement douloureux siègent principalement au niveau du cou, derrière les oreilles et à la nuque.À titre de complications, il faut signaler les douleurs articulaires pouvant siéger à la main; rares chez l’enfant, plus fréquentes chez l’adulte, elles évoluent rapidement vers la guérison. La véritable arthrite avec épanchement, moins fréquente, est de fait chez certains adultes; son évolution est également favorable.Aucun des signes de la rubéole n’est absolument caractéristique, et le diagnostic clinique est le plus souvent difficile, cela d’autant plus que, contrairement à ce qui se passe dans la rougeole, les formes légères et inapparentes sont nombreuses chez l’enfant. Il a fallu des conditions épidémiques particulières pour que cette affection soit reconnue, au XIXe siècle, comme une entité clinique distincte.Depuis les travaux de l’ophtalmologiste australien N. M. Gregg, en 1941, on sait que, lorsque la rubéole atteint une femme enceinte, l’évolution de la maladie n’est pas aggravée, mais que les risques portent sur l’enfant. Ces risques diffèrent d’ailleurs suivant l’âge de la grossesse.– Quand la maladie survient en début de grossesse, on redoute des malformations congénitales de l’œil (cataracte congénitale), de l’oreille (surdité), du cœur (persistance du canal artériel ou autres cardiopathies non cyanogènes). Elles sont d’autant plus fréquentes et graves que la grossesse est moins avancée; pratiquement, on n’en voit plus après le troisième mois.– Lorsque la maladie survient plus tard, l’enfant peut naître atteint de rubéole congénitale, et présenter des lésions, telles que purpura ou atteintes des os, qui disparaîtront par la suite, s’il survit. Bien souvent, le nouveau-né est apparemment sain et la maladie n’est décelable que par les examens de laboratoire, mais en réalité, l’enfant est porteur de virus ; celui-ci peut s’éliminer dans les urines pendant plusieurs semaines.Les signes de la maladie peuvent aussi apparaître après la naissance. Dans tous les cas, que la rubéole soit précoce ou tardive chez la femme enceinte, elle entraîne une mortalité fœtale importante (fausses couches, mort-nés).Agent pathogène, diagnostic, épidémiologieL’agent responsable de la rubéole a été isolé, en 1962, aux États-Unis: c’est un virus à acide ribonucléique (ARN), enveloppé, de la famille des Togaviridés. Fragile, il ne peut se conserver dans la nature et se transmet d’homme à homme par voie respiratoire.Le virus agglutine in vitro les globules rouges de poussin; cette propriété, découverte en 1966, permet de rechercher, chez les sujets, les anticorps spécifiques inhibant l’hémagglutination. C’est encore aujourd’hui la réaction sérologique la plus commode en pratique. Elle rend possible le diagnostic de laboratoire de l’affection. Elle permet aussi de distinguer les sujets sensibles à la maladie de ceux qui sont protégés par une maladie antérieure, apparente ou inapparente.En France, environ 90 p. 100 des adultes sont naturellement protégés, et la rubéole congénitale est rare. Ceci n’était pas le cas aux États-Unis autrefois: en 1964-1965 en effet, une importante épidémie chez l’adulte avait entraîné la naissance d’un grand nombre d’enfants malformés. La situation a bien évolué depuis, la vaccination ayant bouleversé l’épidémiologie.ProphylaxieIl n’y a pas de traitement de la maladie déclarée, et la thérapeutique ne peut être que préventive. L’injection d’immunoglobulines spécifiques ne peut avoir d’effet qu’effectuée très rapidement après le contact infectant. C’est la vaccination qui représente la seule arme vraiment efficace. Plusieurs vaccins existent, tous du type atténué, et depuis le début des années soixante-dix, certains pays en font un large emploi.Aux États-Unis, la vaccination des jeunes enfants pratiquée à grande échelle a considérablement réduit l’incidence de la maladie, sans pour autant la faire entièrement disparaître. Il n’y a plus de grandes épidémies, mais la rubéole congénitale est toujours bien présente. Dans les pays développés, on pratique largement la vaccination des filles vers l’âge de 13 ans, ou des jeunes enfants: vaccin Rouvax seul ou en association avec la rougeole et les oreillons.En France en 1991, 66 p. 100 des enfants de moins de 6 ans sont vaccinés contre la rubéole. Pour les femmes désirant un enfant, la vaccination s’impose; les femmes enceintes non vaccinées subissent systématiquement un test sérologique au début de leur grossesse.rubéolen. f. Maladie infectieuse, épidémique et contagieuse, due à un virus, fréquente chez l'enfant. La rubéole de la femme enceinte peut provoquer des malformations foetales.⇒RUBÉOLE, subst. fém.A. — BOT., vx. ,,Nom vulgaire d'une espèce d'aspérule`` (Ac. Compl. 1842).B. — PATHOL. ,,Fièvre virale éruptive, bénigne, contagieuse et épidémique, due à un virus, caractérisée par une éruption d'aspect variable`` (MAN.-MAN. Méd. 1980). Les rougeurs cutanées (ou érythèmes) sont très fréquentes (...) Les érythèmes généralisés sont un des signes essentiels des fièvres éruptives (...) scarlatine, rougeole, rubéole (QUILLET Méd. 1965, p. 299). La rubéole contractée par une femme enceinte au cours des premiers mois de la grossesse peut entraîner de graves malformations chez le fœtus (Méd. Psychanal. 1971).REM. Rubéolique, adj., pathol., rare. Qui a rapport à la rubéole. Synon. rubéoleux (infra dér.). Éruption rubéolique. Certains auteurs ont attribué à cette embryopathie rubéolique quelques faits de mongolisme (POROT 1975).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. 1762, 1798, 1935. Étymol. et Hist. 1. 1842 (Ac. Compl.); 2. 1845 (F. BARRIER, Traité des maladies de l'enfance, II, p. 528 ds QUEM. DDL t. 8). Dér. sav. du lat. rubeus « roux »; suff. -éole, (v. -ole), sur le modèle de roséole.
DÉR. Rubéoleux, -euse, adj. et subst., pathol. a) Adj. ,,Qui se rapporte à la rubéole`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Affection rubéoleuse. b) Adj. et subst. (Malade) qui est atteint de rubéole. Être rubéoleux; malade rubéoleux. L'énanthème manque souvent ou est si peu marqué qu'en dépit de l'éruption de la face, l'aspect du rubéoleux est bien différent de l'aspect triste, pleurard et malpropre du rougeoleux (TEISSIER ds Nouv. Traité Méd. fasc. 2 1928, p. 136). — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1873 (P. JOUSSET, Éléments de pathologie, p. 169 ds QUEM. DDL t. 8); de rubéole, suff. -eux.
BBG. — QUEM. DDL t. 8 (et s.v. rubéoleux).rubéole [ʀybeɔl] n. f.ÉTYM. 1845, in D. D. L.; « garance », 1743; dér. du lat. rubeus « rouge », sur le modèle de rougeole, roséole.❖♦ Fièvre virale éruptive, contagieuse, bénigne, à lésions cutanées d'aspect variable, rappelant la scarlatine ou la rougeole. || La rubéole est contagieuse et épidémique. || La rubéole des femmes enceintes peut entraîner des malformations du fœtus.➪ tableau Principales maladies et affections.❖DÉR. Rubéoleux.
Encyclopédie Universelle. 2012.